« Vent d’est sur Oléron », un savoureux polar aux embruns de mystère

Avec « Vent d’est sur Oléron », l’ancien journaliste castelroussin Pierre Belsoeur* livre un sixième polar passionnant qui nous emmène au cœur d’une île lumineuse pour une enquête plus vraie que nature au cœur d’une actualité brûlante.

Vent d’est sur Oléron démarre avec la découverte d’un cadavre attaché sur un parc à huîtres. Crédit photo JLV.
Par Jean-Luc Vezon

Pierre Belsoeur aime les mots, les histoires troubles, le cyclotourisme et les plaisirs de la vie. Pas étonnant que son polar se dévore comme une douzaine huîtres fines de Claires agrémentées d’un blanc sec du pays de Charente (1) ou d’un Pineau élevé par un producteur local.

L’histoire commence sur le banc de sable de Lamouroux au large du Château-d’Oléron dans ce Perthuis d’Antioche apprécié des plaisanciers. En reportage photo en compagnie d’Alain, ostréiculteur à Chaillevette, Antoine jeune et brillant journaliste, sorti de l’ESJ Lille, découvre le corps d’un homme attaché en croix de Saint-André sur un parc à huîtres.

Il décide alors de mener l’enquête parallèlement avec la gendarmerie de Saint-Agnant sur « ce crucifié de Lamouroux » qui fait la une des journaux. Le détective-journaliste aussi malin que stratège ne tarde pas à identifier le cadavre. Mais plus le journaliste à la barbe soignée d’hipster avance, plus le mystère s’épaissit.

Depuis Bourcefranc-le-Chapus, où il a élu domicile chez une séduisante logeuse, ce héros attachant d’humanité, possible doublon romanesque de Pierre Belsoeur, va dénouer les fils de cette sombre affaire qui fait les choux gras de la chaîne d’informations en continu BFI 34, avatar de BFM et symbole d’un journalisme racoleur.

Plus vrai que vrai

Ancien directeur départemental de la Nouvelle République de l’Indre, Pierre Belsoeur puise dans sa vie professionnelle les éléments de cette nouvelle intrigue policière ciselée comme un article du Monde. Comme tout bon journaliste, l’homme sait choisir ses sources qu’elles soient policières, judiciaires, ostréicoles ou insulaires. L’île d’Oléron qu’il connait comme un carré de pelouse du stade Gaston-Petit à Châteauroux n’a plus de secret pour ce confrère avide d’histoire locale.

Le Berrichon, loup de mer du journalisme, développe aussi les thèmes qui lui sont chers : la montée de l’extrême droite, le chaos informationnel ou les rapports humains dans la société provinciale. Dans un style fluide et descriptif, ses sens de l’observation et de la formule font mouche. Il y a du Georges Simenon chez Pierre Belsoeur qui sait dérouler son intrigue au millimètre. Orfèvre des mots, il construit une atmosphère et un univers colorés d’odeurs et de saveurs où le lecteur s’immerge avec plaisir.

Plongeant sa plume dans l’encre noire du polar, Pierre Belsoeur nous donne le goût de rejoindre cette île parfumée d’iode et de roses trémières en emportant avec nous « Larmes de plomb » ou « À corps et à cru », deux autres excellents romans du Castelroussin.


(1) Cépage Colombard de préférence.

« Vent d’est sur Oléron » aux Éditions La Bouinotte
Collection Estran Noire
274 pages
14 €

*Pierre Belsoeur est également rédacteur dans les colonnes de Magcentre 

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